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Aigre : la foire-expo sort du buis

François Parmentier ne se contente pas de collectionner les toupies. Photos Majid Bouzzit

Par Sylviane CARIN, publié le , modifié .

Aigre accueille 170 exposants pendant tout le week-end n Une expo culturelle autour du buis et un village artisanal. L’art n’est jamais oublié pendant la foire.”On veut rester dans le centre-ville pour le dynamisme du commerce. On essaie de garder l’âme de la foire.

Gilbert Harrington débarque d’Ébréon avec ses pianos à queue. Jean-Pierre Caen installe sa piste aux étoiles. Christian Cadou brandit ses têtes de crocodile en bois. François Parmentier tourne ses premières toupies. Répétition générale hier après-midi à la foire-expo d’Aigre. Christian Chabernaud, le président, peut être rassuré. « Ça se prépare bien. » La soixantaine de bénévoles et les employés municipaux ont bien bossé. Les 170 stands – huit de plus que l’an passé – ont trouvé place autour de la mairie. Pas question de migrer vers l’extérieur. « On veut rester dans le centre-ville pour le dynamisme du commerce. On essaie de garder l’âme de la foire », répète celui qui est aussi maire adjoint.

Quelque 5 000 visiteurs sont attendus ce week-end à Aigre. Ils découvriront les originalités de cette 43e édition, à commencer par l’expo culturelle consacrée au buis. « Un bois noble qui a traversé les siècles », comme le résume Dominique Grandjaud, le commissaire de l’expo. Malgré les attaques répétées de la pyrale, une chenille qui fait des ravages dans les arbrisseaux depuis quelques années.

Plutôt que les insecticides, les jardiniers amateurs préfèrent avoir recours au nettoyage manuel ou au jet d’eau sous pression. Le buis craint aussi la sécheresse. Mais il présente beaucoup d’avantages si l’on en croit les sculpteurs. « C’est un bois suffisamment dense pour être coupé fin », explique Jean-Pierre Caen, l’artiste de Conques (Aveyron), devant ses compositions aériennes. « Il se taille bien, il ne peluche pas. Sa couleur crème est très belle », reconnaît Christian Cadot, le Bergeracois venu à cette essence depuis seulement « cinq à six mois ». Aujourd’hui, elle lui inspire des formes « pour réaliser des têtes animales ». Sans bruit. Guido Hulsens, le luthier de Coulonges, est plus expansif avec ses flûtes. Il a même prévu de faire jouer les enfants.

Les toupies de l’enfance collection de l’adulte

Collectionneur de toupies depuis l’âge du collège – « Je m’amusais à faire tourner des punaises plutôt que d’écouter les profs. » – François Parmentier en fabrique également. « Ça me rappelle des souvenirs d’enfance », confesse le tupiphiliste d’Aunac entre deux volées de sciure.

Plus loin, le village artisanal prend forme. Élisabeth Figarol, la tapissière-décoratrice de Barbezières, recrute chaque année de nouveaux professionnels. Chacun se prend au jeu de la démonstration, à commencer par elle. Les ramponneaux, ces marteaux qui permettent d’enfoncer la semence avec précision, sont de sortie. Les textiles et les matériaux les plus variés montrent que la restauration marie habilement l’ancien et le contemporain. « Il faut juste oser », appuie la Charentaise, attentive au confort et à l’ergonomie de ses sièges.

En face d’elle, Gilbert Harrington astique ses pianos. Yeux bleus, cheveux blancs, l’ancien accordeur de la BBC est installé depuis sept ans en Charente. « On a beaucoup de respect en France pour les experts », sourit-il avant de louer le « climat » charentais. Un climat particulier à Aigre.